Faune(s) d'Olivier Dubois
©Patrick Sagnes
En quatre parties d'égale longueur, cette pièce commence par un Faune version film. Un écran descend du plafond en avant-scène. Un film (le cinéaste Christophe Honoré) est projeté en noir et blanc me semble-t-il. Un après-midi ensoleillé, un homme se cache dans des buissons pour observer quatre adolescents jouant au tennis. Vite repéré, il est invité à se joindre à eux. Quelques échanges de balles que cet homme rond ne renvoie pas. Les railleries fusent. La partie s'arrête sur l'homme à terre, humilié. Aucun mot n'a été échangé jusqu'ici. Alors qu'ils s'en vont, il leur crie :" j'ai de l'argent !" Puis il les suit. L'un en particulier. Il le rejoint et propose un rendez-vous dans un hôtel voisin : accepté. L'attente, l'arrivée du jeune homme. La tension monte à défaut d'autre chose... Le film se termine sur cet homme seul allongé sur son lit, s'impregnant de l'odeur du tee-shirt acheté au jeune, qui chante un air yéyé du genre "Biche ô ma biche".
Avec cette dernière séquence, la soirée prend enfin un sens. Je tente de revoir ces images pour faire le lien avec L'après-midi d'un faune dansé par Nijinski et hué à l'époque. Alors que l'écran disparaît, je réalise combien mes lacunes concernant cette pièce sont impressionnantes.
Heureusement le deuxième tableau me remet les choses en mémoire puisqu'il s'agit de la pièce telle que Nijinski l'a dansée en 1912. On imagine le travail de recherche qu'il a fallu fournir pour obtenir ce résultat et sans doute est-on encore loin de la réalité. (d'ailleurs je souhaiterais vous entendre à ce sujet, Olivier Dubois). Tout n'est que poésie depuis l'allure d'Olivier Dubois dans cet académique chair parsemé de marron, cette fresque en fond de scène représentant un bois, ces femmes aux mouvements si simples et doux qui semblent ne se mouvoir que latéralement. Le mouvement dans ce qu'il a de plus épuré. Bien loin de ce pour quoi Nijinski était reconnu et pourtant il s'agit de danse quand même.
Vient ensuite le temps d'un Olivier Dubois déguisé (le changement de costume se fait dans des coulisses visibles) en chasseur ou je ne sais quoi. Un bermuda, des chaussettes montantes, des escarpins, veste et chemise sans oublier le chapeau typique. Il s'empare d'un cor à pistons dans lequel est inséré un micro. Depuis le fond de scène jusqu'au public, le danseur va se mouvoir lentement en émettant des sons d'abord faibles et du genre animal (sanglier) qui deviennent de plus en plus fort et ressemblent à des cris d'animal égorgé... ou d'humain désespéré, d'amour ? On palpe la souffrance, on ne peut que la ressentir, elle nous est tombée dessus et devient insupportable tout comme ce beuglement. (metteuse en scène et scénographe Sophie Perez qui travaille avec le musicien Xavier Boussiron)
Le quatrième tableau est sans doute la version du danseur lui-même. Sons divers dont des bruits de bombardements à la fin, fourrures sur des mannequins puis sur le sol entier, cornes de bouquetin gigantesques si lourdes à porter... Olivier Dubois étouffe sous ces étoffes mais danse, danse, danse pour finir nu, en milieu de scène, dos au public, dans cette position allongée du Faune, si connue. La boucle est bouclée.
L'exercice de style, ou comment interpréter différemment une même chorégraphie, est terminé et réussi. Le travail est précis et perfectionné. A chacun d'y voir de la danse ou non. En tout cas, lui, il va au bout de ce qu'il doit.
L'originalité de Dubois n'est plus à démontrer voilà pourquoi il me tarde de découvrir ses propres créations.
En quatre parties d'égale longueur, cette pièce commence par un Faune version film. Un écran descend du plafond en avant-scène. Un film (le cinéaste Christophe Honoré) est projeté en noir et blanc me semble-t-il. Un après-midi ensoleillé, un homme se cache dans des buissons pour observer quatre adolescents jouant au tennis. Vite repéré, il est invité à se joindre à eux. Quelques échanges de balles que cet homme rond ne renvoie pas. Les railleries fusent. La partie s'arrête sur l'homme à terre, humilié. Aucun mot n'a été échangé jusqu'ici. Alors qu'ils s'en vont, il leur crie :" j'ai de l'argent !" Puis il les suit. L'un en particulier. Il le rejoint et propose un rendez-vous dans un hôtel voisin : accepté. L'attente, l'arrivée du jeune homme. La tension monte à défaut d'autre chose... Le film se termine sur cet homme seul allongé sur son lit, s'impregnant de l'odeur du tee-shirt acheté au jeune, qui chante un air yéyé du genre "Biche ô ma biche".
Avec cette dernière séquence, la soirée prend enfin un sens. Je tente de revoir ces images pour faire le lien avec L'après-midi d'un faune dansé par Nijinski et hué à l'époque. Alors que l'écran disparaît, je réalise combien mes lacunes concernant cette pièce sont impressionnantes.
Heureusement le deuxième tableau me remet les choses en mémoire puisqu'il s'agit de la pièce telle que Nijinski l'a dansée en 1912. On imagine le travail de recherche qu'il a fallu fournir pour obtenir ce résultat et sans doute est-on encore loin de la réalité. (d'ailleurs je souhaiterais vous entendre à ce sujet, Olivier Dubois). Tout n'est que poésie depuis l'allure d'Olivier Dubois dans cet académique chair parsemé de marron, cette fresque en fond de scène représentant un bois, ces femmes aux mouvements si simples et doux qui semblent ne se mouvoir que latéralement. Le mouvement dans ce qu'il a de plus épuré. Bien loin de ce pour quoi Nijinski était reconnu et pourtant il s'agit de danse quand même.
Vient ensuite le temps d'un Olivier Dubois déguisé (le changement de costume se fait dans des coulisses visibles) en chasseur ou je ne sais quoi. Un bermuda, des chaussettes montantes, des escarpins, veste et chemise sans oublier le chapeau typique. Il s'empare d'un cor à pistons dans lequel est inséré un micro. Depuis le fond de scène jusqu'au public, le danseur va se mouvoir lentement en émettant des sons d'abord faibles et du genre animal (sanglier) qui deviennent de plus en plus fort et ressemblent à des cris d'animal égorgé... ou d'humain désespéré, d'amour ? On palpe la souffrance, on ne peut que la ressentir, elle nous est tombée dessus et devient insupportable tout comme ce beuglement. (metteuse en scène et scénographe Sophie Perez qui travaille avec le musicien Xavier Boussiron)
Le quatrième tableau est sans doute la version du danseur lui-même. Sons divers dont des bruits de bombardements à la fin, fourrures sur des mannequins puis sur le sol entier, cornes de bouquetin gigantesques si lourdes à porter... Olivier Dubois étouffe sous ces étoffes mais danse, danse, danse pour finir nu, en milieu de scène, dos au public, dans cette position allongée du Faune, si connue. La boucle est bouclée.
L'exercice de style, ou comment interpréter différemment une même chorégraphie, est terminé et réussi. Le travail est précis et perfectionné. A chacun d'y voir de la danse ou non. En tout cas, lui, il va au bout de ce qu'il doit.
L'originalité de Dubois n'est plus à démontrer voilà pourquoi il me tarde de découvrir ses propres créations.