Murmures, par la cie Esther Aumatell

Publié le par freesia

aumatell-1.jpgCrédit photos : Bilgou
Murmures
, par la cie Esther Aumatell
Lorsque le public entre dans la salle en papotant, en zigzaguant entre les fauteuils, en s'interpelant d'une rangée à l'autre, il n'a pas remarqué  que les danseurs opèrent déjà sur scène. C'est Julien Massard, que l'on aperçoit  au premier plan, qui chuchote comme parti dans un rêve.  En gestes lents, il s'adosse, s'appuie, s'accroche à un  grand panneau noir. Il s'agit d'un des trois éléments du décor avec lequel la troupe va jouer. Les quatre autres interprètes, dont la chorégraphe, circulent entre deux autres panneaux. Ils font des pauses puis repartent comme si on le leur dictait. 
Puis  le spectateur est plongé dans le noir et la pièce s'affirme. Les cinq danseurs apprétés dans des imperméables (pourquoi?) évoluent de façon indépendante tout en étant à l'écoute de l'autre. Les deux femmes sont en chaussures de caractère. Un passage évoque un tango. Esther Aumatell, dans une robe rouge, affirme son écriture chorégraphique le temps d'un solo où elle témoigne d'une puissance indéniable derrière une apparente douceur. Je n'oublierai pas ces tours sur la cheville !
L'écoute. C'est le maître mot  de cette pièce qui invite à constater que "le son a une résonance gestuelle aussi bien que le geste une vibration sonore". Le murmure créé sur la scène engendre une danse qui elle-même produit un son. Effet miroir à l'infini. 
On retrouve d'ailleurs des miroirs derrière les grands paneaux initiaux. Le quintet va évoluer dessus, autour,derrière, avec humour, sportivité, inventivité. Les jeux d'ensemble devant le triptyque sera fabuleux !aumatell-2.jpg
La troisième partie pendant laquelle les miroirs sont installés à l'horizontale et deviennent deux plateaux inclinés regorge d'originalité au point qu'elle semble encore largement exploitable !
Enfin je garde un souvenir fasciné de ce danseur (Ernest Mandap?) dont j'ai cru un instant qu'il s'était métamorphosé en un papillon de nuit devenu fou dans un jet de lumière.

Mon seul regret est de ne rien comprendre (ou presque) à l'espagnol  alors qu'il devait être si bon de saisir le sens profond de ces phrases murmurées tant sur la bande son que par les danseurs (promis, je m'y mets). Le tableau final est d'une beauté que la poésie sublime, faisant oublier les quelques répétitions précédentes. Et la tonalité générale de cette chorégraphie tout en rouge avec ce crescendo de sensualité et ces pointes de doute ou d'hésitation rappellent sans conteste qui en est l'initiatrice : Esther Aumatell, cette femme à la chevelure et aux yeux tout en féminité.
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